L’hôpital Rothschild, dans le XIIe arrondissement de Paris, a élargi le palmarès du Geste d’or au patrimoine contemporain et au paysage. Récompensée fin 2014, la maîtrise d’œuvre de cette opération de l’Assistance publique recueille le fruit d’une détermination sans faille, pour réussir l’intégration urbaine d’un site centenaire.
Esprit Urbain
Partie prenante de la maîtrise d’œuvre du premier projet lauréat de la catégorie “paysage” créée en 2014 au sein du palmarès du Geste d’Or, l’agence Complémenterre a contribué à en consolider l’esprit urbain, à travers des négociations tout aussi difficiles : symptôme du cloisonnement hospitalier, la tentation du mur opaque a ressurgi, quand s’est posée la question de la contiguïté entre la cour de récréation d’une école et le jardin de rééducation. « Par chance, le directeur de l’école a tout de suite souhaité rebondir sur notre projet », se réjouit Fabienne Keller, paysagiste associée de Complémenterre. Le potager pédagogique des écoliers crée une continuité avec le jardin de rééducation, jalonné par les obstacles urbains auxquels les patients apprennent à se réhabituer : pentes, escaliers, grilles d’arbres et de métro, gamme de sols lisses ou graveleux. Le parcours extérieur complète les salles voisines de rééducation, conformément à un parti pris général que Fabienne Keller résume en deux points : « Décliner dans le paysage les fonctions des bâtiments voisins, et réinterpréter l’histoire ».
Cottage Anglais
Avec la ville de Paris, le rôle du végétal dans la composition du projet a poussé ses concepteurs à d’autres négociations difficiles, mais également couronnées de succès : « Nous avons réussi à préserver le caractère planté du site, mais en le redessinant », résume Bruno Gaudin. À la logique des Espaces verts intérieurs protégés (Evip) de la ville de Paris, qui menaçait de figer le patrimoine arboré existant, les concepteurs ont opposé une autre légitimité patrimoniale : les nouvelles plantations contribuent à restituer l’axe structurant de l’hôpital pavillonnaire des années 1910, mis à mal par des extensions sans vision d’ensemble, menées durant les Trente glorieuses. L’ère du tout-automobile avait alors généré une succession désordonnée d’arbres plantés entre les places de stationnement désormais enfouies en sous-sol. « Le long de l’axe historique, le motif végétal rappelle les cottages anglais, en écho à l’hôpital pavillonnaire », précise Fabienne Keller. L’argument patrimonial s’ajoute à l’inscription du projet dans une trame verte urbaine structurée par des cœurs d’îlots de ce secteur du XIIe arrondissement, autrefois occupés par des congrégations religieuses.
Remercions Marianne Ruault, jardinière de l’hôpital Rothschild, qui entretient toute la beauté de ce jardin et a accompagné une trentaine de personne à la découverte de ce parcours botanique extraordinaire lors de la Journée Portes Ouvertes le Samedi 30 Mai 2015.
Photographies prises par Marianne Ruault: